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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"Grandir n'est pas s'enrichir de quelque chose de nouveau,
mais découvrir ce que l'on a déjà à l'intérieur." Alexandre Jollien, écrivain suisse romand (1975- ) Inspiration Allongé sur la plage, je m’étais assoupi apparemment plus longtemps que je ne le pensais. Le soleil avait disparu sous l’horizon, laissant la place dans le ciel à une lune blafarde, presque pleine. Les rayons reflétés par notre satellite éclairaient les vagues. La mer était inhabituellement agitée par le vent. Hautes pour la Méditerranée, elle projetait des gouttelettes, tentant inlassablement de repousser la limite de l’humidité sur le sable. Soudain, je réalisai que le paysage environnant avait changé. Illusion nocturne, rêve éveillé ou voyage déroutant ? Etrangement, je ne fus pas déstabilisé par cette situation pourtant singulière. Je me trouvais dans un environnement anormal mais je gardais un sentiment de sécurité, dégagé de toute hostilité. Un guide invisible semblait mettre en scène cet espace-temps, tirant les ficèle d’un théâtre à ciel ouvert. Je m’étais endormi après une phase de relaxation, fermant les yeux pour mieux profiter de la respiration profonde et de ses effets régénérateurs. J’étais alors bercé par le bruit des vagues, réchauffé par le soleil printanier. Désormais, la lumière sélène donnait une impression irréelle sur la mer, comme si je me trouvais sur une autre planète. Au-dessus des flots, un point mobile attira mon attention. Légèrement plus clair que le ciel devenu gris, il ressemblait à un oiseau, mais avec des mouvements souples et amples, comme si l’animal possédait une grande envergure. Mon attention fut captivée par ce vol étrange. Grossissant rapidement, quelle ne fut pas ma surprise en reconnaissant la silhouette équine ! Serait-ce le Pégase de la mythologie ? D’un battement de ses ailes puissantes, l’animal fabuleux se rapprocha et se posa au bord de l’eau. Les vagues caressaient ses sabots, mouillaient son corps ? L’embrun enveloppait ses ailes encore déployées, comme un manteau vaporeux. Le cheval ailé se tourna et me regarda dans les yeux. J’entendis sa voix résonner dans ma tête. Sa bouche ne bougeait pas mais je comprenais ce qu’il me disait. Connectés l’un à l’autre, nos cerveaux communiquaient directement. Il me parla longuement, de poésie et d’arts graphiques, de mots et d’images. J’écoutais ses paroles qui m’enivraient et me guidaient vers un chemin à explorer. J’avais l’impression de m’abreuver à la source même de l’inspiration, dans la magie d’une rencontre à nulle autre pareille. Ses yeux brillaient intensément. Son regard me transperçait pour atteindre le plus profond de mon âme. Malgré cette puissance, le sentiment de danger était écarté, sans objet. Je me sentais dans une bulle, hors du temps et de l’espace habituel, déconnecté des bruits de mon quotidien. Quelques secondes ou plusieurs heures ? J’étais incapable de mesurer le temps qui semblait figé malgré le bruit des vagues et les paroles de mon singulier compagnon. Il me fit comprendre que je devais reprendre le fil de ma vie, en y apportant d’autres ingrédients de créativité, d’autres modes d’expression que ceux que j’avais mis en œuvre jusqu’alors. Une révolution douce se produisit en moi, une prise de conscience, un flash de lumière intérieure, sans heurt mais aux nombreuses conséquences, tel un jeu de domino où les éléments se perdent dans un horizon à découvrir, un chemin à créer, une aventure à vivre. D’un battement de ses ailes, il mit fin à notre discussion, rompant le charme mais me rendant également cette liberté à laquelle je tiens tant, ce libre arbitre qui fait partie de mes valeurs fondamentales. L’eau de la mer m’aspergeât le visage et la lumière redevint normale. Le soleil se rapprochait de l’horizon. De l’ambiance nocturne dans laquelle j’étais baigné quelques minutes plus tôt, il ne me restait que le goût salé de l’eau de la mer. Derrière moi, un hennissement me surprit. Un cavalier longeait le bord de mer, sur un animal puissant, à la robe grise tachetée. Ses yeux me jetèrent un regard perçant, étonnant, le même que son cousin ailé. Je retourne fréquemment sur les lieux de cette rencontre particulière. Près des Saintes-Maries-de-la-Mer, en pleine Camargue, sauvage et pure. Je ne croise plus Pégase mais je reste en contact avec lui, dans une singulière communion d’esprit. C’est devenu un endroit où je me recueille régulièrement, où je me ressource, entre terre et mer, sous le soleil ou accompagné de la lune… Mon prénom, Philippe, vient du grec Philippos, qui signifie « qui aime les chevaux». Un peu de technique… Je fais peu de photomontage. Mon plaisir est surtout lié à la photographie. Je peux passer des heures à attendre le moment idéal ou à faire des dizaines (voire des centaines) de clichés avec différents paramètres, différents éclairages… Mais lorsqu’une idée comme le cheval ailé me traverse l’esprit, force m’est d’avoir recours aux techniques infographiques. Cependant, je pars toujours de photographies que j’ai réalisées ou que je fais, selon le besoin. C’est donc avec deux photographies que j’ai réalisé ce montage. La première a été prise près des Saintes-Maries-de-la-Mer, vers 16 heures, avec un grand soleil. J’insiste sur ce point qui peut paraître un détail mais c’est important. En effet, pour obtenir le phénomène des vagues « lissées », il faut utiliser une pose relativement longue. Or, avec le soleil, même avec une ouverture minimum, il n’est pas possible d’obtenir un temps de pose suffisant. J’ai donc utilisé deux filtres polarisants linéaires. Cela permet, en jouant sur l’angle entre les deux filtres, d’assombrir considérablement la vue. On peut même obturer complètement l’objectif en plaçant les filtres à 90° l’un par rapport à l’autre. Ce genre de technique permet, par exemple, de prendre une photographie du soleil (pour une éclipse) sans risque pour l’appareil photo ni pour l’œil du photographe. Les deux filtres m’ont donc permis de réaliser plusieurs essais avec des temps de pose variables. J’ai retenu celle qui avait été réalisée avec une pose d’un tiers de seconde. Non seulement elle possédait l’effet souhaité, mais la forme des vagues était naturellement propice à l’intégration de Pégase. Notez que le soleil se trouvant sur la droite, l’éclairage produit un effet de dégradé. Le double filtre et la pose longue donnent cet effet de vue nocturne malgré le fait que la photographie ait été prise en milieu d’après-midi. Pour Pégase, je suis allé chercher dans mes photographies d’archive. Il s’agit d’un haut-relief de l’église du Temple (Temple Church), à Londres. Pégase est le symbole de cette église que Dan Brown a mis en scène dans son fameux livre Da Vinci Code. Il figure à plusieurs reprises dans l’église, sous forme de vitrail1 ou de sculpture. Du haut-relief, je n’ai retenu que la silhouette du cheval ailé, légèrement retraité en couleurs pour le rendre compatible avec l’ambiance nocturne produite par le fond marin. 1 Voir le tableau n° 20 de Voyage immobile.
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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