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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"Lorsqu'il est libre, l'esprit est naturellement serein,
de même que l'eau non agitée est par nature limpide et claire." Proverbe tibétain Sérénité matinale 5 h du matin, au cœur des étangs de Mauguio, la pleine lune éclaire le paysage de sa lumière argentée. Quelques degrés seulement au-dessus de zéro mais aucun vent, le bruit des animaux qui se réveillent dont un coq qui fait entendre son chant à plusieurs kilomètres à la ronde… tous les ingrédients sont présents et me font prendre conscience du réel plaisir de cette partie de mon métier. Métier ou plaisir ? Doit-on cloisonner ces deux facettes de notre humanité ? Emmitouflé dans plusieurs couches, les gants protégeant mes doigts et un bonnet mes oreilles, je laisse ma lampe frontale éteinte. La lumière reflétée par la lune suffit pour voir le chemin. Enfin presque, car je ne manque pas de mettre le pied dans des flaques à plusieurs reprises ! Mais est-ce la faible lumière ou bien le fait de ne pas trop regarder où je marche, trop absorbé par le paysage que je veux capter ? Comme une nourriture qui viendrait du ciel, je me sature de sensations en admirant la voûte étoilée. Quelques minutes avant de prendre cette photographie, une magnifique étoile filante a traversé le ciel, dans la zone située à droite, au-dessus de la constellation du Serpentaire, à l’opposé de la lune. Sans bruit, le bolide s’est vraisemblablement désintégré dans notre atmosphère en produisant une lumière aux reflets orangés. Pris de court, je n’ai bien entendu pas photographié ce spectacle auquel je me sens privilégié d’avoir assisté. C’est un plaisir de vivre, même avec le bout du nez glacé ! Une nuée d’oiseaux se soulève de la surface aqueuse, comme si chaque membre de la communauté sauvage échappait à l’attraction terrestre afin de rejoindre les étoiles qui scintillent dans le ciel pur. Aucun nuage ne vient troubler le bleu sombre constellé des points stellaires scintillants. Deux halos orangés se dégagent de l’horizon, témoins de l’activité humaine qui s’éveille également. Comme à chaque virée nocturne, je rêve de voir un jour ces paysages sans aucune lumière artificielle. L’esprit dans les étoiles, je parcours les chemins qui quadrillent les étangs de Mauguio. A quelques kilomètres seulement de mon domicile, la nature conserve son mouvement permanent, insensible à nos turbulences infondées. Elle conserve son rythme où se mélangent les différentes horloges des astres. A chaque campagne photographique, je me retrouve dans un état particulier, hors du temps, en contact avec une forme d’impermanence perpétuelle. Sur ma ligne de temps, ce sont comme des bulles qui forment des singularités, durant lesquelles je m’échappe des spasmes du quotidien. Mais quelle est finalement la singularité ? Est-ce que l’état que je qualifie de « normal » n’est pas une singularité envahissante, aux multiples ramifications qui m’empêchent d’Être ? Cette réflexion au clair de lune m’invite à reconsidérer certaines de mes positions, certaines priorités. Dans tout corps social, des échanges entre les individus ont lieu. Des valeurs sont acceptées et deviennent référentes. C’est ce qui permet de faire vivre l’identité de plusieurs personnes. Mais dès que les règles acceptées se figent, elles masquent leur réalité intrinsèque : la relativité. Dans notre vie occidentale moderne, des contraintes sont créées et acceptées non pas du fait qu’elles apportent quelque chose, mais par conformisme à une idéologie le plus souvent non formalisée. Discutant récemment avec un contact professionnel, celui-ci me répondit « je n’en ai jamais entendu parler », pour passer rapidement à un autre sujet. Dans ce zapping de relations inutiles, il fallait traduire : « je n’ai jamais vu, donc ça n’existe pas ». Mais la folie n’est pas là où l’on croit. Elle se niche dans nos convictions moribondes, dans nos certitudes isolationnistes et notre immobilisme, dans notre tendance à figer ce que l’on croit connaître pour éviter toute remise en cause. Or, la vie est mouvement. L’Être est un Voyage, un Devenir, non une fin ni un état stationnaire. Cet environnement dans lequel je suis baigné depuis ma naissance a conditionné ma grille de lecture. Celle-ci reste relative et ne permet pas de comprendre l’Humanité dans son ensemble. Plus qu’une Tour de Babel, ce phénomène garantit une cohésion relative d’un groupe social, mais cette identification pose le double problème de l’exclusion de ce qui pourrait être différent ainsi que la perte des repères fondamentaux. Ici, je ne parle pas des fondamentaux dont les économistes rêvent, mais de notre véritable Identité, de notre véritable Rôle sur cette planète bleue qui nous a donné naissance. La normalité est-elle donc synonyme de majorité ? Si oui, cet instant sous les étoiles reste une singularité dont je dois profiter le plus possible. Dans la négative, je dois reproduire cet état de recentrage pour lui restituer la position qu’il mérite : au cœur et non en périphérie. Chacun et chacune pourra se faire son opinion sur cette question. Mes réponses sont rarement tranchées et exclusives, mais, dans ce cas-là, il y a exception…
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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