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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"Si l'on découpe la réalité vivante de manière analytique, elle meurt."
Michel Serres, philosophe, historien des sciences et homme de lettres français (1930- ) Le cinquième élément 20 h 30, je quitte le village de Duilhac-sous-Peyrepertuse en direction de Cucugnan. J’ai prévu cette séquence de photographie nocturne avec la position de la lune, mais je reste dépendant des conditions météos. Quelques heures plus tôt, la neige recouvrait les sommets. Les flocons ont maintenant en grande partie disparu. La couverture nuageuse est variable et mouvementée. La lune perce de temps à autre le voile cotonneux, accompagnée des étoiles les plus brillantes. A peine arrivé au col de Quéribus, je m’arrête. Plongé dans un brouillard épais, mon champ de vision se limite à seulement quelques mètres. Imaginant la citadelle immergée dans les nuages, je sors de la voiture pour évaluer la réalité de la brume et des vents. Ceux-ci poussent le brouillard à grande vitesse. Quelques minutes plus tard, le petit parking improvisé est totalement dégagé et les étoiles se dévoilent dans un ballet majestueux. Comme de esprit égaré aux mouvements erratiques, la brume glisse sur le sol. Les nuages volent au-dessus de moi et poursuivent leur chemin, au gré des vents qui s’entrecroisent. Je décide alors de monter jusqu’au parking situé près de l’accueil du château. A cette heure, personne ne vient troubler cette ambiance si particulière. La nuit, la présence humaine s’estompe, sauf par l’aura lumineuse des zones habitées et quelques véhicules. Il reste quelques traces des flocons qui avaient recouvert le paysage en fin d’après-midi, mais ce sont les mouvements de la brume en contrebas et des nuages en hauteur qui m’apportent une source d’inspiration. Je fais plusieurs clichés, mais la lune éclaire le château de l’autre côté de la montagne. Plutôt que jouer en contrejour, je préfère utiliser la source sélène pour recueillir la lumière sur les reliefs. Je décide donc de redescendre. Laissant ma voiture, emmitouflé dans plusieurs couches, avec gants et bonnet, mon talon d’Achille est toujours situé aux pieds. Je devrais sérieusement investir dans des chaussettes plus chaudes ! Je longe la route départementale D123 tout en regardant l’effet des différentes sources lumineuses sur la forteresse médiévale et son piton rocheux. La lune atténue l’effet des éclairages urbains sur les nuages. Ceux-ci restent toutefois irisés localement par la lumière orangée de la ville de Perpignan. La condensation atmosphérique s’est engagée dans un assaut de Quéribus. La brume glisse sur la roche comme des vagues qui tenteraient de grignoter la montagne. En hauteur, les nuages essayent de couvrir l’édifice, dans une tentative bien illusoire de l’étouffer. Quelques dizaines de photographies avec un long temps de pose (30 secondes) me laissent le temps de m’imprégner de l’ambiance qui règne en ce lieu. J’obtiendrai ainsi de nombreuses variations de ce panorama enchanteur dont je suis apparemment le seul spectateur. Je suis accompagné par l’eau (les nuages et la brume), l’air (avec le ciel clair), la terre (la montagne) et le feu (les lumières orangées de Perpignan qui colorent les perles d’humidité). Au centre de ce paysage en mouvement, le château de Quéribus se dresse fièrement. Majestueux, il domine les éléments. Il est la clé, le cinquième élément, à la fois combinaison des quatre premiers et prêt à opérer un saut quantique transcendant la matière. Car il ne s’agit pas du témoignage d’un passé révolu. Perchée sur son piton rocheux dominant la terre et les hommes, la citadelle appelle à la réflexion. Hors du temps, son message est universel. C’est dans cet ensemble, cette composition, que le Sens trouve sa voie et peut s’exprimer. Isoler la pierre, les nuages ou les étoiles ferait perdre la magie de cet instant. Celle-ci n’est que la combinaison d’éléments simples. Un neurone n’est intelligent. Des éléments simples, interconnectés, naissent des nouveaux états, émergent des propriétés. La Conscience et la Vie sont-elles seulement des phénomènes qui prennent naissance dans la complexité ?
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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