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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"Une des qualités les plus méconnues de l'homme d'action est l'ingéniosité.
L'homme qui s'impose dans les situations difficiles est celui qui invente une solution, là où les autres étaient dans l'impasse." Jacques de Bourbon Busset (Jacques de Bourbon, comte de Busset), écrivain et académicien français (1912-2001) Impasse La mer s’est retirée devant les remparts de Saint-Malo, laissant le sable, la roche et les algues exposés au soleil. Comme des oasis dans le désert, il reste encore quelques poches d’eau cristalline qui semblent défier la nature cyclique de l’océan. Des sombres rochers, maquillés de coquillages, entourent un petit plan d’eau. A l’arrière-plan, le mur de la citadelle se révèle dans sa verticalité lisse et artificielle. Au détour de ce rocher, je pense à tout autre chose que ce paysage temporaire, dénudé par le recul de la mer. Voici plus de vingt ans que je navigue dans le monde professionnel en tant que chef d’entreprise, individuelle, petite ou "respectable". C’est un métier où la passion peut parfois prendre le pas sur la rationalité, où la reconnaissance attendue n’est pas toujours au rendez-vous, où le degré de liberté est important mais réserve bien des surprises… C’est un métier où il faut manier avec précaution le "couteau suisse" des compétences multiples. L’essentiel n’est probablement pas d’être le meilleur mais plutôt de savoir – et avoir la chance – de pouvoir harmoniser des compétences et des ressources face à un modèle économique adapté au contexte. Vaste sujet… où les inconnues sont nombreuses mais la vie ne serait pas aussi attrayante si elle ne nous permettait pas de nous exprimer de différentes manières tout en y associant une continuité dans notre être et nos agissements. Plus d’une fois, sur le plan personnel et professionnel, j’ai rencontré des impasses, réelles ou imaginaires. Les situations les plus faciles à résoudre sont de l’ordre technique : une machine qui ne fonctionne pas, un bug dans un programme… En revanche, dès lors qu’il y a une dimension humaine, sentimentale, relationnelle ou éthique, l’impasse peut devenir conflictuelle. Elle peut même parfois devenir un véritable dilemme cornélien, en semblant opposer deux facettes d’une même pièce dont on ne peut voir chaque face en même temps. Les analogies ont leurs limites et il n’est pas toujours possible de trouver la correspondance avec l’utilisation un miroir pour observer simultanément les côtés pile et face… Quoi qu’il en soit, les impasses sont mortelles, pas seulement sur un plan biologique, mais également dans la véritable dimension de notre être. L’impasse enferme alors que nous avons besoin de nous épanouir et d’élargir nos connaissances et notre champ de conscience. L’impasse, bien que pouvant prendre une apparente consistance, est cependant souvent liée à une mauvaise définition des hypothèses de départ. Pour obtenir de la rentabilité, la solution n’est pas forcément dans le démantèlement des équipes. Pour obtenir une liberté, la voie n’est pas toujours de briser des chaînes. Creusons et revenons aux données de départ. Dans le cadre de l’entreprise, la rentabilité est essentielle, comme il est nécessaire que la balance des dépenses et des recettes d’une famille soit équilibrée voire qu’elle permette la constitution d’une épargne. La vraie question est de savoir si cette rentabilité recherchée correspond à un moyen ou à un objectif. La réponse est dans la question : il s’agit d’un moyen. C’est un moyen pour assurer la pérennité de l’entreprise. C’est un moyen pour permettre la mise en œuvre de nouveaux projets. C’est un moyen et non une fin en soi, ce qui permet déjà d’ouvrir la visibilité car le moyen "permet de…" alors que l’objectif ferme l’horizon. Je ne vais pas livrer ici de clé pour donner de la rentabilité à une entreprise, mais je veux juste attirer votre attention sur cette distinction qui me parait d’autant plus essentielle de nos jours que le monde de l’économie est aujourd’hui montré du doigt comme à l’origine des maux de notre société. Mais j’aurai l’occasion de développer ce danger de confusion entre fin et moyen. L’impasse signifie que l’horizon des possibles est fermé. Il faut donc l’ouvrir, parfois en prenant un peu de recul, parfois en pensant autrement. Dans la pratique sportive, les impasses se présentent parfois sous forme de «plafond d’entraînement». Certains sports peuvent donner l’impression d’une régularité abêtissante alors que les performances proviennent de la richesse et de la diversité de l’entraînement (je reste bien entendu dans le cadre naturel du sport, en occultant les artifices chimiques et autres procédés illégaux). Le jogging, par exemple, sera pratiqué avec d’autant plus de résultats que les entraînements prendront des formes différentes : priorité à la vitesse, à l’endurance, terrains différents… La musculation, qui serait plus de l’ordre de la préparation physique que d’un sport de compétition, produit également des effets bien meilleurs lorsque les séances jouent avec une alternance de groupes musculaires et de modes d’entraînement : séries longues ou courtes, poids importants ou non, mouvements différents avec altères ou machines. Pour dépasser ce plafond de verre, il faut jouer sur la diversité, changer de technique, étendre et explorer de nouvelles manières de s’entraîner. Du fait que nous réagissons également de manière différente selon les saisons, il faut aussi varier selon nos capacités physiques. Parfois, mieux vaut réduire un entraînement pour mieux rebondir et passer à un stade plus intensif un peu plus tard. Le progrès n’est pas linéaire et orienté vers le "toujours plus". Il faut également tenir compte du fait que la courbe de nos capacités physiques durant notre vie s’apparente plus à une fonction de Gauss, en cloche, qu’à une droite ou une fonction asymptotique qui tendrait vers l’infini. Là encore, nous sommes face à un moyen et non pas une fin en soi. Reculer pour mieux rebondir. Cette "recette" en apparence très simple reste malheureusement souvent mise à l’écart du fait que le nous préférons forcer un passage plutôt que de pondérer notre élan pour prendre le temps de mieux connaître le territoire sur lequel nous évoluons et en trouver les opportunités et la meilleure manière de le traverser ou de s’y installer. Les exemples sont nombreux, tant sur un plan individuel que dans notre société où les acquis font souvent l’objet d’une construction monolithique inébranlable, qui frise la sclérose, fige les comportements et ferme le "champ des possibles". Or dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, la mobilité est essentielle : mobilité de l’esprit, mobilité du corps. Or il ne s’agit pas d’une mobilité artificielle qui nous déconnecte de notre environnement proche, comme nous le propose les technologies de l’information et de la communication depuis une quinzaine d’années. La véritable mobilité concerne notre esprit, les angles de vue avec lesquels nous sommes capables – ou non – d’appréhender le monde. Cette faculté n’est cependant pas nouvelle. Ce qui est nouveau, c’est la richesse et la diversité des sollicitations auxquelles nous devons faire face de manière quotidienne. L’entraînement sportif, la confrontation régulière avec les impératifs de l’entreprise, les expressions divergentes de nos proches… sont autant de moyens d’entretenir et de développer cette faculté d’adaptation, cette souplesse que nous devons placer en priorité dans notre boîte à outils personnelle. Il s’agit donc d’ouvrir nos esprits, élargir notre champ de conscience, dépasser les apparentes barrières qui encombrent notre faculté d’imagination et de construction. De retour sur le sable humide et mou, au pied de Saint-Malo, face à la roche sombre qui encadre le paysage devant moi, j’entrevois la possibilité d’enlever mes chaussures pour traverser le petit plan d’eau. Je peux également escalader ou chercher un chemin de pierres émergeantes. Je choisis cependant de faire deux pas en arrière… et je constate qu’une sorte d’escalier naturel permet d’escalader le rocher. Quelques secondes plus tard, je retrouve l’horizon presque infini de la mer et je domine ce qui se présente maintenant comme une modeste flaque d’eau.
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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