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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"L'artiste dévoile la profondeur.
C'est parce qu'il prend du recul par rapport au visible qu'il est proche de l'invisible." Karlfried Graf Dürckheim, diplomate, psychothérapeute et philosophe allemand (1896–1988) Panoramique… Le ciel étoilé et la Voie lactée sont des sujets délicats à photographier. L'expérience aidant, je cherche désormais les meilleures conditions pour parvenir concilier la faible luminosité de ces objets célestes avec la lumière naturelle ou artificielle. La réflexion du soleil par la Lune est souvent un excellent moyen d'exposer le premier plan. Mais ce n'est pas le cas ici. La lune était encore sous l'horizon au moment de la prise de vue. Dans ce large champ visuel, la difficulté était de réduire l'effet dévastateur de la lumière artificielle des villes. Pousser les réglages de l'appareil photo permet de voir le bras de la Voie lactée mais l'horizon se perd alors dans le halo blanc orangé. J'ai donc retenu les paramètres qui permettaient de voir les étoiles et, très discrètement la Voie lactée, mais de limiter la lumière du plan horizontal, témoin nocturne de la présence de l'Homme sur Terre. Nos lumières artificielles tendent à nous faire oublier que le ciel est constellé de milliards de points lumineux chaque nuit. En journée, le soleil masque ses cousines extrasolaires. La nuit, nos lumières urbaines prennent le relais de ce coup de théâtre. Pour peu, nous en serions presque réduits à croire que les étoiles n'existent pas ! Comme la lumière brillante du soleil nous masque la discrétion des étoiles plus éloignées, le bain de nos activités quotidiennes fait trop souvent disparaître la maille des événements qui ponctuent nos vies. Le cycle nocturne nous donne l'occasion de renouer avec les signaux faibles de l'environnement lointain de notre univers. De la même manière, la méditation permet de prendre du recul, la réflexion et la philosophie nous offrent des occasions pour prendre Conscience que nous ne sommes pas limités à une existence de consommateur fiscalisé1. Comme l'arbre cache la forêt, nous avons tendance à oublier de nous déplacer pour observer autrement. Le cadre de ce qui nous semble immuable n'est que temporaire et même très récent. La société dans laquelle nous vivons a de nombreuses réussites à son actif, mais elle est également à l'origine de bien des catastrophes dont nous ne mesurons pas encore l'ampleur. Mais au fait... est-ce un vrai problème de mesurer notre impact négatif ? Ne serait-ce pas tout simplement le fait que nous ne voulons pas le voir ? Les dégâts économiques, écologiques et humanitaires sont à grande échelle depuis plusieurs décennies. Par un astigmatisme à l'ampleur planétaire, nous masquons les problèmes que nous générons dans notre environnement de proximité, pour en reporter la responsabilité sur le système de production mondialisé. Mais si la Chine pollue la planète – et toute la planète car les frontières politiques n'existent que dans l'esprit humain – cela provient d'une chaîne continue, d'un réseau qui nous conduit directement à nous, notre mode de vie, nos arbitrages quotidiens. Mais revenons à l'idée principale de cette réflexion. Le bruit ambiant masque les signaux faibles. Pour les percevoir, il faut réduire l'écart entre ces deux sources d'information. Lorsque les signaux faibles prennent de l'ampleur, on peut en constater la présence par des mouvements de masse. Grèce, Turquie, Brésil, Portugal ou Égypte ont largement dépassé le stade des signaux faibles. Ce qui aurait permis d'anticiper ces manifestations n'a pas été perçu ni étudié. Il en est pour nos « dirigeants » comme pour nous-mêmes. Absorbés par une vision altérée de la réalité, baignés dans une apparente clarté d'un quotidien finalement mis en scène, nous ne prenons pas garde à ce qui peut orienter voire bouleverser nos lendemains incertains. Lorsque l'on s'intéresse à l'actualité internationale, il faut sans cesse jongler entre différentes échelles temporelles. Le flot continu d'actualité doit être également mis en perspective sur des segments temporels plus étendus. Nous devons alterner différents prismes d'analyse pour éliminer ce qui n'est que détail et prêter une attention particulière à ce qui émerge. Que l'analyse porte sur le monde ou sur notre entourage immédiat, la logique à mettre en œuvre est identique. Voir et comprendre la lumière, mais également trouver un moyen de voir au-delà, de découvrir et révéler ce qu'elle masque. Regardez bien cette photographie (la version grand format, en cliquant sur la petite loupe située en haut à droite de la photo, à côté du module "j'aime"). Au besoin, éteignez la pièce dans laquelle vous vous trouvez, visualisez-la dans la pénombre et sur un écran lumineux. « Plongeant » sur la montagne de Sète, la Voie lactée, discrète et presque subliminale, étend son bras découpé sur la voûte céleste. Éteignez les lumières mentales qui obstruent votre quotidien. Qu'apercevez-vous ? Peut-être y découvrirez-vous un chemin invisible, une autre voie à explorer, une autre manière de voir le monde... et d'en construire son futur. Mais surtout, n'attendez pas que quelqu'un d'autre le fasse à votre place. 1 Certains auteurs parlent de "consommateur contribuable", mais l'idée reste la même.
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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