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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"Il n'y a pas de réussite facile ni d'échecs définitifs."
Marcel Proust, écrivain français (1871-1922) 3, 2, 1... Je parcours la plage depuis plus d'une heure, sous le ciel étoilé et la - presque - pleine lune. La lumière cendrée de notre satellite me permet de marcher sans risque sur le relief. Ceux-ci prennent des reflets argentés, rehaussant le sable que l'humidité assombrit. Une barrière de grosses pierres longe la plage, formant une digue artificielle. C'est sur cet alignement que je décide de m'asseoir, juste en face d'une avancée de pierre qui semble plonger dans la mer. Au rythme des vagues caressant la plage, mon esprit s'évade. Je réfléchis à une toute autre image, inspirée du film Matrix. Les êtres humains vivant dans une illusion permanente, branchés à un système électronique qui les fait vivre mais qui se nourrit également d'eux, de leur imaginaire et de leurs fantasmes. En 2013, sommes-nous finalement si éloignés de cette vision apocalyptique ? Car dans l'illusion, nous y sommes bel et bien. Entraînés dans un tourbillon où la consommation et son augmentation infinie sont deux hypothèses qui semblent régir notre société, nous vivons dans un univers qui se déconnecte progressivement de notre existence Humaine, de notre Être véritable et de son berceau naturel, la Terre. L'électronique se greffe à notre quotidien de façon visible, avec les prothèses comme le téléphone ou l'Internet. Mais elle parasite de manière beaucoup plus sournoise avec les prélèvements automatiques qui ponctionnent nos revenus parfois même sans notre autorisation. L'acteur social est aujourd'hui un rouage d'une mécanique dévastatrice. Dévastatrice du fait de sa propension à devenir majoritaire dans notre emploi du temps, mais également à nous faire oublier notre véritable vocation, notre Raison d'Être. Travailler pour construire, œuvrer pour apprendre, rencontrer et progresser, oui. Travailler pour gagner de l'argent, consommer et faire tourner un système, non. Face à la mer, je pense qu'il est temps de changer certaines composantes de ma vie. Ce n'est pas le moment d'abandonner et de casser ce que j'ai entrepris, bien au contraire. Par contre, il est temps de recentrer les énergies pour qu'elles aillent dans le bon sens. La prise de risque, pour un entrepreneur, fait partie du quotidien. Mais il est des risques qui ne sont dictés que par un désir de paraître. Ce sont ceux-là qu'il faut détecter et éviter, voire évacuer. La vocation de l'entreprise n'est pas de générer des profits pour alimenter un système financier. La rentabilité n'est pas une fin en soi. C'est une condition nécessaire, une contrainte à respecter. Comme nous avons un équilibre à trouver entre notre alimentation et notre mode de vie, l'entreprise doit trouver et conserver un équilibre qui lui permet d'exister, de faire vivre les personnes qui y travaillent ainsi que leurs familles. Pourquoi mes pensées vont-elles dans cette direction ? Parce que je suis à la croisée des chemins. Ne le sommes-nous pas en permanence d'ailleurs, entre un passé figé et un avenir incertain ? Incertain, notre avenir ? En partie, oui, car il ne dépend pas que notre volonté. Par contre, c'est à nous de définir ce que nous voulons être et faire. Il nous appartient de contribuer à un environnement favorable à la réalisation de nos projets, comme un jardinier pour ses plantations. Il nous appartient également d'éliminer ce qui est contraire à nos valeurs, ce qui risque de freiner notre élan, de consumer notre énergie sans y apporter de valeur ajoutée. La première chose à éliminer... c'est notre peur, la peur de l'échec. C'est elle qui dévore le plus d'énergie. C'est elle qui relègue malheureusement bon nombre d'initiatives en projets mort-nés. Voici 23 ans que je suis entré dans le monde du travail. Mes choix ont toujours été faits par rapport à un énorme besoin de liberté et d'autonomie. Ce n'est d'ailleurs pas toujours un facteur de tranquillité, bien au contraire ! Mais aujourd'hui, se pose à nouveau la question de l'équilibre du projet d'entreprise. Il est temps de changer... mais pas le fond. Non, bien au contraire, le fond a sa légitimité. C'est dans le regard qu'il faut apporter des modifications. C'est dans les contraintes acceptables qu'il faut modifier l'équilibre. Cette réflexion peut vous paraître bien floue, tant il est vrai que sa signification est toute personnelle, ses enjeux me concernent, je serais tenté de dire exclusivement. Le tournant de la quarantaine peut prendre différente formes et durer... une décennie. Est-ce mon cas ? Peut-être... mais ce qui m'importe, c'est de partager avec vous une réflexion qui nous concerne tous un jour ou l'autre. La Grande question de la Vie : qu'est-ce que je fais réellement de mon énergie, du temps dont je dispose ? Vais-je seulement les consacrer à entretenir une fausse modernité où l'artifice devient un art de vivre ? Vous vous en doutez, la réponse que je donne à cette question se trouve déjà dans les mots que je choisis. Changer de regard sur les choses peut apporter des solutions inexplorées. Mais pour changer de regard, il faut bouger. Pour bouger, il faut aller à la rencontre d'autres possibles, sortir de notre plan bidimensionnel pour prendre de la hauteur. Ainsi, le carré se révèlera être un cube. 1, 2, 3... je me lève et mon esprit file vers le chemin de pierre, comme sur une rampe de lancement. 3, 2, 1... ce n'est qu'un début, une perpétuelle création où le temps se dissout dans la continuité de l'instant présent.
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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