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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"Ce que l'on crée en soi se reflète toujours à l'extérieur de soi.
C'est la loi de l'univers" Shakti Gawain, écrivaine américaine (1948- ) La petite fée bleue C'était un jour de juin. Le ciel était voilé par une épaisse couche de nuages. Certains rayons du soleil perçaient cependant la masse cotonneuse. Je me promenais en vélo près des étangs, à la recherche de jolies vues, en quête d'animaux à immortaliser en photo. Je déposai mon VTT sur le sol près de l'eau calme. Au loin, les pyramides caractéristiques de la Grande Motte dessinaient un horizon crénelé. Armé de mon téléobjectif, je partis à pieds à la recherche des habitants naturels de cet endroit où la terre et l'eau s'enlacent comme deux amants. Libellules et papillons étaient au rendez-vous, mais ce fut un vol particulier qui attira mon attention. La couleur de ses ailes, d'un bleu transparent la distinguait des papillons mais plus encore la position de son corps : verticale. Elle était à deux mètres de moi à peine. L'œil dans l'objectif, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir le corps d'une femme bleue au lieu de celui d'un papillon ! C'était une petite fée bleutée, au corps élancé, aux formes agréable, avec deux paires d'ailes également bleues qui lui permettaient de se fondre dans le paysage. D'un petit rire cristallin, elle me fit comprendre qu'elle me savait sur ses traces. J'avais l'impression qu'elle me parlait mais sa petite voix aigüe était trop faible, à peine était-elle distincte du bruit du vent dans les feuilles. A la différence des papillons au vol erratique, la petite fée bleue volait avec douceur entre les brindilles d'herbe et les branches des arbres, alternant des mouvements verticaux et horizontaux. J'essayais de ne pas trop l'approcher pour ne pas l'effrayer mais son regard mutin m'indiquait qu'elle n'avait nullement peur. Aurait-elle eu une raison d'être effrayée d'ailleurs ? Ma présence était probablement inhabituelle en ces lieux mais mon instrument affichait mes intentions de photographe. Pouvait-elle le comprendre ou bien avait-elle d'autres moyens de reconnaitre mes intentions ? Car une autre relation que notre simple proximité s'était établie entre nos deux âmes. Elle se posa sur un brin d'herbe et me fit un clin d'œil. Attendant cet instant depuis de longues minutes, j'appuyai à plusieurs reprises sur le déclencheur. J'espérais prolonger cette rencontre par une image saisissante de ma nouvelle petite amie. Avec un large sourire, elle me fit comprendre qu'elle ne s'opposait pas à mon ambition, telle une star posant pour une couverture de magazine. Battant ses ailes transparentes et souples, elle reprit son vol et fut très vite hors de ma vue. Elle riait. Puis sa voix elle-même disparut, semblant fusionner avec le bruit des vagues qui mouraient au bord de l'eau. Voulant voir le résultat de mon exploit, je découvris avec stupéfaction que l'appareil photo n'avait pas enregistré une fée, mais un papillon aux ailes bleutées. Avais-je rêvé de ce petit corps féminin à la peau bleutée au point de le projeter dans un mirage ? L'appareil photo dénué de sensations était-il incapable de saisir ce que mes yeux avaient pourtant bien vu ? La technique ferait-elle perdre ce que notre esprit apporte au regard que nous avons sur notre vie ? Je reviendrai à cet endroit car la magie y est encore. L'appareil photo est toujours avec moi pour pouvoir capter des images et prolonger des instants, mais je sais désormais qu'il ne peut relayer les véritables émotions. La vue est un de nos sens, mais notre capacité à appréhender le monde dépasse nos seuls capteurs sensoriels. Là où nous vivons réellement, dans notre monde intérieur, se trouve notre plus grande richesse, un univers dans lequel tout est possible et qui peut se projeter dans le monde matériel. Ce dernier n'est pas déconnecté de nos émotions mais une interaction subtile se produit en permanence. Petite fée au corps bleuté, je te retrouverai car notre rencontre se prolonge hors du temps, au-delà de cet espace qui, en apparence, nous sépare.
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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