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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"S'accrocher au connu, c'est rester prisonnier de l'ignorance."
Yvon Rivard, écrivain canadien (1945- ) Lâcher prise Attiré par le croassement sonore des grenouilles de l'étang, je m'approche de l'eau calme en essayant de ne pas attirer l'attention de ses habitants bruyants. Mais quelques brindilles d'herbe froissée suffisent à les dissuader de continuer leur conversation animée. Je m'assieds sur le rebord du muret qui domine le plan d'eau stagnante. Quelques minutes plus tard, le concert reprend, animé çà et là de plongeons ou par les poissons qui frétillent à la surface de l'eau. La vie bat son plein. Sur une nappe de nénuphars, plusieurs grenouilles se hissent avec bien peu de grâce. L'un d'eux semble avoir quelques difficultés à s'allonger sur les végétaux aux larges feuilles d'un vert vif. Deux doigts lui donnent l'air de chercher à s'installer confortablement, mais il me fait penser à tout autre chose... Est-ce un roi transformé en grenouille ? Peut-être, mais ce n'est pas ce à quoi il me fait penser. Non, il me donne cette impression qu'il se raccroche aux feuilles pour éviter de retomber dans l'eau, comme nous sommes parfois amenés à nous retenir à quelques branches - parfois mortes - de nos certitudes. Grenouille rieuse, si tu restes accroché ainsi tu risques de ne pas connaître l'étendue de la marre. Habitant de cette eau verdâtre, si tu ne quittes pas ce nid à l'apparence douillette, tu ne connaîtras jamais ce qui existe ailleurs. Mais en as-tu envie en définitive ? Apprendrais-tu vraiment quelque chose au-delà du danger que représentent la nature et le monde des hommes ? Entre le risque de lâcher la proie pour l'ombre et l'enfoncement progressif dans le confort d'un microcosme connu, quel est le bon choix ? Découvrir le monde, changer de métier ou de vie apporte une ouverture vers d'autres possibles. Mais combien de fois faut-il tomber pour apprendre à marcher ? De la même manière, combien de fois faut-il quitter son confort relatif pour trouver la « bonne » voie ? S'exposer à l'inconnu peut nous permettre de découvrir d'autres chemins - des impasses ? - , mais de la même manière que l'on respire en inspirant et en expirant, il nous faut des périodes de stabilité, ne serait-ce pour consolider et tirer parti des nouvelles expériences. A l'heure où le zapping continu semble un style de vie, pouvons-nous encore accepter de ne pas changer pour changer ? Le mouvement est nécessaire. Le changement est synonyme de vie à condition... qu'il ne devienne pas une finalité. Vivre dans une incertitude permanente ne nous permet pas de construire, ne nous permet pas de nous construire. A l'inverse, s'enfermer dans un univers certain est probablement la meilleure manière de nous isoler et de mourir, au moins socialement. La clé serait-elle donc dans une forme de certitude de l'incertain ? Cette question a été abordée avec plus ou moins de clairvoyance par de nombreux philosophes, mais ceux-ci sont souvent à nouveau enfermés dans une discussion philosophique et intellectuelle déconnectée de notre quotidien. Pour ma part, je fuis les vérités absolues. Je conserve des points de repère, des cadres de références à géométrie variable. Par rapport à ces éléments à la fixité temporaire, je peux me positionner et guider mes choix et mes expériences. Mais si ces outils ne sont plus adéquats, je me dois d'en changer pour passer à une autre étape. Petite grenouille, si cette feuille ne peut te soutenir, lâche-là et choisis-en une autre... Quant à moi, mon référentiel ne me permettant plus d'avancer, je dois modifier mes repères et points d'ancrage afin de courber ma trajectoire devenue dangereuse. Mon univers se modifie car mon point d'observation change.
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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