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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"On n'attend pas l'avenir comme on attend un train.
L'avenir on le fait." Georges Bernanos, écrivain français (1888-1948) CommunIcation La lune écoute-t-elle nos gazouillis électromagnétiques ? A l'issue de ma séance de sport, vers 7 h 30, la lune offre un spectacle surprenant. Prête à disparaître derrière la colline, elle se positionne quelques instants au-dessus d'un château d'eau. Formant un « i », elle semble à l'écoute des échanges relayés par les différentes antennes qui décorent le monstre de béton. Le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui est surnommé « monde de la communication ». Souvent déconnectés de notre présent, nous sommes en permanence reliés à ce monde virtuel aux règles insolites et intrusives. Quelle est la date du prochain changement d'heure ? J'allume mon téléphone portable - qui n'a plus grand-chose à voir avec un téléphone - et je vais demander la réponse à mon moteur de recherche préféré. Je cherche un appartement ? Je vais de ce pas - sans bouger - utiliser mon ordinateur, décortiquer les différents quartiers de la ville, pour affiner mes recherches auprès des agences immobilières dont les bases de données me donnent l'illusion de visiter tous les appartements. Est-ce que je peux prendre un rendez-vous ? Pas de problème… car je vais consulter mon agenda électronique. Peut-être aurai-je même délégué la mémoire de ces informations au réseau des réseaux, en le synchronisant avec un agenda en ligne. Tous les jours, nous enrichissons les banques de données électroniques. Nos achats par carte bancaire, nos déplacements, nos préférences et nos passions sur les réseaux sociaux… nous nous affichons et transmettons une partie de nos caractéristiques, une vision de notre personnalité. Alors comment pouvons-nous être encore surpris lorsque notre banque nous propose des services dont nous n'avons nullement besoin, mais qui sont en relation avec nos activités ? Comment pouvons-nous être offusqués de recevoir par sms des messages publicitaires ? Le problème n'est pas tant de recevoir de l'information, mais ce serait plutôt le fait de se sentir « violés » dans notre intimité. Pour être tranquilles, aujourd'hui, nous devons éteindre nos téléphones portables, débrancher notre télévision et nos ordinateurs. Et pourtant… nous l'avons bien cherché depuis deux décennies. De la conversation téléphonique privée qui déborde sur l'espace public, de notre mur ou profil où nous exposons des cris silencieux, des attentes sans action, nous sommes entrés dans un monde où la communication, ou plutôt la sur-communication, fait perdre la raison, le bon sens. Car au final, de quoi avons-nous véritablement besoin ? L'illusion d'être connectés au monde nous place dans une forme de bulle, déconnectée de son présent. Plus nous communiquons, plus nous nous isolons. Nous finissons par être absents de notre quotidien en nous projetant dans un fantasme de communication. N'avons-nous jamais croisés des personnes qui téléphonent en faisant les courses ? Ce n'est pas pour demander ce qu'il faut acheter pour garnir les réserves, mais pour continuer ou commencer une conversation… qui aurait pleinement son sens dans un contexte qui lui serait réservé. Et je ne parle pas de la mise en danger des personnes qui conduisent en téléphonant. Oui, c'est bien cela, leur action principale, leur attention est orientée vers le petit boitier collé à leurs oreilles, voire greffé avec un écouteur ou - pire encore - avec un système Bluetooth. Ils ne sont que physiquement dans leur voiture, mais leur esprit est ailleurs, entre l'habitacle de leur voiture et leur correspondant. Bien sûr, par la réflexion, la rêverie ou la méditation, ce n'est pas nouveau de se déconnecter du présent pour laisser notre esprit vagabonder ailleurs. Mais notre époque, friande de gadgets à l'utilité douteuse et surtout très riche en moyens de « monétiser » la totalité de nos activités, nous apporte les joies - mais surtout les frustrations - de ne plus être nous-mêmes. Car c'est bien là le véritable problème de ces technologies de l'information, dont je suis moi-même un grand consommateur. Le risque est de nous prendre pour les données dont nous déléguons la mémoire. Le risque est d'être absent de nos vies. Le risque est que soyons vidés de nous-mêmes. Le risque est de regarder nos vies sur un écran plutôt que de la Vivre pleinement. Loin de moi l'idée de supprimer tous ces moyens qui sont désormais à notre disposition et envahissent notre quotidien. Je ne publierais pas sur le web ni sur Facebook si je souhaitais revenir à une société à la technologie moyenâgeuse et si j'étais cohérent entre mon discours et mes choix. Non, ce qui me semble fondamental, pour nous mais également pour les générations futures pour lesquelles nous semons les graines, c'est de garder à l'esprit que l'outil ne reste qu'un outil. En aucun cas il ne doit devenir un objectif, une fin en soi. Les Technologies de l'Information et de la Communication sont des outils merveilleux et nous permettent d'accéder à de nombreuses informations qui nous étaient auparavant plus difficiles à trouver. Elles nous permettent de communiquer plus vite, avec plus de personnes. Mais conservons notre distance et sachons encore nous passer de cet environnement technologique qui nous isole petit à petit de ces plaisirs simples de la vie : la rencontre avec l'Autre - au lieu d'avoir les yeux rivés sur le nombre d' « amis » de tel ou tel réseau social - , les débats en direct - en lieu et place des empilages sans fin de monologues que nous offrent les forums - , l'Amour - au lieu des fantasmes virtuels - , le sport - à la place des matchs télévisés - , le lever du soleil - celui de nos campagnes, pas celui d'une hypothétique planète exotique - , la pleine lune - une seule, pas un photomontage de 3 lunes - , le papillon aux reflets métalliques - au lieu d'un drone militaire - ... Bref, la Vraie Vie ! Au fait… la lune se moque bien des antennes qui garnissent nos toits. Elle suit sa course et nous propose de nombreux et magnifiques spectacles, par des conjonctions surprenantes ou simplement par la vie que son cycle nous invite à suivre...
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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