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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"L'arbre est invisible à celui qui se contente d'en cueillir les fruits."
Philippe Contal • www.PhilippeContal.info Profondeur de champ Plusieurs mandarines ornent les branches du petit arbre, me rappelant les boules colorées qui décorent nos sapins en décembre. Mon regard et mon esprit voyagent le long des branches, vers le tronc, le terreau nourricier, le pot protecteur… mais également l'environnement dont les variations saisonnières permettent à ces quelques fruits de prendre vie. Focalisant notre regard sur les fruits, il est très facile d'oublier que ce ne sont qu'une résultante de nombreux facteurs qui se combinent. Dans tout phénomène, les causes et conditions sont déterminantes pour bien comprendre - voire reproduire - des résultats. Cette constatation au demeurant très simple possède des applications et des ramifications dans tous les processus que nous suivons quotidiennement. Pour ne prendre que quelques exemples, obtenir un diplôme n'est que le couronnement d'un travail, une forme de cristallisation de plusieurs années de travail. Le plus important étant ce qui a conduit à cette reconnaissance - l'apprentissage - , et non pas le morceau de papier ou la coupe qui n'en constituent qu'une matérialisation et la reconnaissance sociale. « Le chemin, pas le but » comme le rappellent les chevaliers templiers et bien d'autres penseurs, avec leur vocabulaire et leur manière de s'exprimer. Cette façon d'appréhender notre réalité conduit à nous intéresser aux causes et aux causes des causes. Cela implique de décrypter les informations auxquelles nous avons accès pour en comprendre les réels enjeux. Dans l'univers de l'économie et des médias, par exemple, rien n'est aujourd'hui plus compliqué que de trouver des informations brutes, les plus proches possibles des données et des sources, non déformées par les grilles de lectures et les centres d'intérêt des journalistes, éditeurs et médias. Car il nous est presque impossible de relayer une information sans y apporter une touche personnelle, teintée de nos convictions et certitudes. Le neurone que nous sommes dans le maillage humain modifie l'information en se l'appropriant avant de la redistribuer. Autre exemple dans le monde professionnel, il n'est pas rare de croiser des personnes qui réussissent essentiellement du fait qu'elles sont en phase avec une vague, une mode, un phénomène qui leur est extérieur. Savoir surfer sur la vague est une chose. Comprendre notre dépendance à son égard en est une autre. Il est en effet plus gratifiant pour notre ego de considérer nos réussites comme des démonstrations de notre savoir-faire ou de notre génie que de leur attribuer une origine indépendante de notre volonté et de notre rayon d'action. Au mieux, il nous faut accepter le fait que notre réussite soit due à la combinaison de facteurs externes - l'opportunité, le contexte - et de notre comportement, nos décisions et nos actes. Sans que cela soit une grande découverte, je vous propose une terminologie poétique : « l'effet mandarine ». Se contenter de récolter des fruits en oubliant ses origines nous conduira invariablement à dépendre de ceux qui les cultivent ainsi que des conditions environnementales. C'est d'ailleurs très exactement ce qui se passe aujourd'hui avec la privatisation des ressources naturelles de notre planète. Mais ceci est une autre histoire… Ainsi, les événements, ce que nous observons et vivons sont toujours des reflets d'autres phénomènes antérieurs en interaction et qui constituent un faisceau de causes et de causes-conséquences. Dans le monde de l'entreprise comme dans celui de la famille, des amis ou même associatif, il est facile de se contenter des fruits. Mais des surprises nous attendent si l'on n'entretient pas l'arbre des relations ou si l'on oublie l'effet de cycle. Si les saisons nous sont familières, comme le cycle circadien, pourquoi en serait-il différent pour notre activité sociale et professionnelle ? Aussi, nous devons rester vigilants quant aux réelles causes de nos réussites et échecs, de nos succès et déboires. Changer le plan focal pour appréhender et étudier notre environnement à plusieurs échelles nous permet de nous replacer dans les multiples dimensions de notre être : individu, membre d'une famille et d'une société, disposant d'une histoire personnelle et collective, teintée de différentes couches qui s'imbriquent et constituent notre singularité. Comme quoi… une mandarine peut conduire à bien des détours de réflexion… J'ai cherché à illustrer cette vision en jouant avec mon appareil photo, sur différents sujets et en variant les paramètres techniques de prise de vue. Une autre photographie permettait de voir l'intégralité de l'image de manière nette, avec une faible ouverture et donc une grande profondeur de champ. Au final, ce cliché est devenu insipide, ne permettant pas de mettre en relief l'un ou l'autre des plans. L'uniformisation est le corolaire de tout système qui vise à lisser. En voulant donner autant d'importance aux différents éléments qui constituent l'image - notre vision - , nous perdons l'unicité qui est le principe fondateur de tous les ensembles hétérogènes et ce qui permet la vie. Ce n'est donc pas non plus dans un seul regard global que l'on peut appréhender la réalité, mais en multipliant les angles d'approche et en variant les plans étudiés. La mandarine est le fruit de l'arbre et la résultante temporaire de nombreux facteurs environnementaux. Le rythme des saisons fera flétrir les feuilles sans que l'arbre ne soit en danger. Entretenir l'arbre, lui permettre de trouver les ressources vitales qui lui sont nécessaires conduira à un nouveau cycle, de nouvelles feuilles et de nouveaux fruits. L'acte de création se situe essentiellement dans l'entretien du jardin et non pas dans la cueillette qui n'en constitue qu'une finalité passagère. L'apprentissage est plus important que la démonstration d'un quelconque savoir.
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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