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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"Il faut accepter de perdre les mondes qui meurent
pour continuer à agir sur le monde qui nait." Nicolas Baverez, essayiste économique français (1961- ) Émergence Regarder la Nature permet de retrouver la notion de cycle. Naissance, vie, disparition puis renouveau font partie de la Vie, mais bien que nous baignons dans un temps alternatif (l'heure, le jour, la semaine...), nous avons tendance à n'en retenir qu'un modèle de continuité linéaire ou une discontinuité permanente. Dans le premier cas, nous abordons le temps sous sa forme historique en le simplifiant au profit d'une succession d'événements qui s'enchaînent ou qui se déchaînent. Notre vision de l'histoire se résume très souvent à une chronologie bien structurée. A l'inverse, le quotidien nous semble chaotique, surtout lorsque nous tentons de l'analyser et de le comprendre à l'échelle des pays et des continents. Certes, la dimensions spatiale augmente le nombre d'interactions, mais est-ce la seule raison ? Depuis quelques décennies, nous sommes entrés dans une ère de globalisation, comme si, d'un seul coup, notre conscience planétaire légitimait une plus grande dimension de nos actions. Il s'agit en fait de la prise de conscience des interactions entre les événements économiques, politiques et sociaux. Les soubresauts ne se limitent plus aux frontières arbitraires des hommes, mais nous n'avons pas encore réellement mesuré l'ampleur de cette modification de paradigme. Sans même avoir recours à la théorie du chaos et sa sempiternelle illustration du battement des ailes d'un papillon, force est de constater les résonances qui secouent les sociétés humaines sur l'ensemble du globe, ou presque. La structuration sur le modèle du capitalisme a permis une avancée considérable en matière de communication, de voyages, de mise à disposition de l'information et de confort. Chemins de fer, automobile, aviation, imprimerie à grande échelle, Internet, réseaux sociaux... ont véritablement révolutionné nos sociétés « occidentales ». Cette évolution possède également des corolaires dramatiques comme la pollution à grande échelle, la disparité des richesses, l'exploitation outrancière de nos réserves naturelles... Il y a de nombreuses réussites (parfois contestables dans leur réelles valeurs ajoutées), mais également de gros dégâts que les générations futures risquent de nous reprocher si nous continuons à fermer les yeux. En apparence non reliés les uns aux autres, les événements actuels démontrent la fragilité de nos systèmes financiers, économiques et politiques. Injection massives de liquidités virtuelles par la F.E.D.1, dérapages incontrôlés des dépenses publiques2, grande « braderie de l'Europe »3, coupure de la télévision publique en Grèce4, défaut de paiement de la ville de Detroit5, imagination fertile de nos dirigeants pour « sauver les banques »6, la Turquie en colère7, les manifestations au Brésil8... et bien d'autres tant la liste est longue et mouvante pour – presque – tous les continents. Ces mouvements dispersés, aux origines en apparence hétérogènes et sans rapport ont cependant un point commun. Ce sont des témoignages vivants que notre système se craquèle. Ce modèle sur lequel repose notre société depuis quelques dizaines d'années seulement ne répond pas aux attentes des êtres humains qui devraient en être pourtant les bénéficiaires légitimes. Des organes et processus, des modes de représentation et des procédures de décision ont été mis en places mais il semble aujourd'hui qu'ils ne répondent pas à nos attentes. En dehors de tout opinion politique car il faut bien reconnaître la grande difficulté à différencier – dans les actes – une stratégie dite libérale d'une philosophie qualifiée de sociale, force nous est de prendre la mesure de ce problème aux conséquences planétaires. Qui plus est, nous avons le plus grand mal à obtenir une véritable information de première main sur ces événements. Le grand boom des réseaux sociaux démontre à quel point l'art du copier / coller est devenu universel, même dans les grandes rédactions des journaux nationaux et internationaux. Pour vous en convaincre, connectez-vous à Tweeter. C'est un immense geyser d'informations courtes, un flot continu de données limitées... voire un gros bazar en mouvement ! Mais utilisez un mot-clé comme « Turquie », « Brésil », « crise financière » et vous disposerez d'une masse d'informations ahurissante. Nombre d'entre elles sont « re-tweetées », autrement dit officiellement copiées / renvoyées sans aucune valeur ajoutée, comme un neurone qui limiterait sa contribution à la redistribution du signal qu'il reçoit. Mais surtout, vous découvrirez de nombreuses ressources utilisées par les journalistes et rédacteurs de tout poil, dont le métier est désormais de chercher des informations, de les interpréter et de les publier en restant dans leur fauteuil ! L'art de l'investigation aurait-il disparu ? Mais arrêtons notre regard critique pour réorienter notre énergie vers ce qui se profile à l'horizon. Notre système social et financier, économique et culturel s'effrite. Mais c'est devant nous que notre regard doit se porter. Certes, l'histoire devrait nous éclairer sur le caractère répétitif de ce que nous vivons aujourd'hui, mais il est encore plus important de chercher de nouvelles fondations pour construire un avenir dont nous pourrons être fiers. Ma première conviction, aujourd'hui, est que si les manifestations et les révolutions sont parfois nécessaires, elles ne résolvent généralement pas grand-chose. Elles cristallisent un état critique. Nous vivons actuellement dans un monde où la démocratie semble être le sommet de l'évolution sociétale. Mais cette démocratie n'existe pas encore. En effet, nous disposons d'organes composés d'individus que nous élisons et qui prennent les décisions à notre place. Le premier filtre provient de ceux qui se présentent sur ce parcours chaotique. Devenus professionnels de la politique, leurs seules motivations sont basées sur la conservation de leurs acquis et de leur position. Et pourtant, depuis la révolution technologique, nous sommes en mesure de voter non pas pour des représentants qui voudraient penser à notre place, mais pour la mise en application de telle ou telle idée. Voter pour des lois, des applications, des décrets, tel devrait être aujourd'hui notre rôle citoyen. Techniquement, c'est possible. Qu'est-ce qui nous empêche de le faire ? A vrai dire... peu de chose si ce n'est notre intime conviction que nous devons attendre que nos dirigeants le décident pour nous. Et comme c'est contraire à leurs intérêts... nous ne sommes pas prêts à le vivre. Sauf si... Nous sommes nombreux à maudire le système financier qui semble aujourd'hui nous étrangler, mais avons-nous conscience qu'il n'est que le fruit de nos attentes refoulées ? Si vous demandez à votre banquier une rentabilité importante pour votre retraite, comme pouvez-vous vous offusquer qu'il y ait des effets dévastateurs dans l'économie réelle ? « Dans une avalanche, aucun flocon ne se sent responsable », disait Voltaire. De la même manière, nous voulons une planète propre tout en jetant des morceaux de papier à terre. Nous voulons acheter au meilleurs prix mais nous sommes dépités devant le chômage galopant en Europe. Ce que nous pensons, ce que nous faisons, bien que l'échelle soit modeste, contribue à orienter la société dans laquelle nous vivons. Nos choix ne sont pas neutres. Ils nous engagent et nous en subissons les effets, parfois avec un éloignement qui voudrait nous faire oublier que nous en sommes à l'origine. Depuis des années, « on nous bassine » avec la croissance économique. Devenu le graal de la société capitaliste, cette recherche incessante du « toujours plus » est-il conforme à notre réalité d'être humain ? Car en dehors de l'Univers en expansion, la seule chose qui soit véritablement débridée en matière de croissance... c'est la tumeur cancéreuse ! La croissance pour la croissance ne fait qu'entretenir le fantasme d'un monde perdu. Et si nous retrouvions tout simplement les notions basiques que sont le besoin et le plaisir ? Ne sont-ils pas suffisants pour choisir et orienter notre vie et notre énergie créatrice ? Notre société est en pleine mutation et personne n'est aujourd'hui capable d'en définir les contours futurs. Nous avons de grands philosophes qui imaginent des futurs possibles, des expériences sociales et humaines passionnantes à découvrir, comprendre et partager. L'accès à la connaissance est aujourd'hui plus aisé qu'il ne l'a jamais été. Nous avons à apprendre à nous servir de cette disponibilité immédiate de l'information. Mais c'est une chance inouïe dont nous n'avons pas encore mesuré le réel impact, à commencer par celui sur les mentalités. Entre le repli sur soi qui pourrait sembler sécurisant et la déstructuration systématique de nos certitudes, il existe de nombreuses positions pour le curseur de notre implication dans la Société de Demain. Observons, comparons, collectons des idées et des expériences, positives et négatives, élaborons des scénarios et des hypothèses que nous pourrons mettre en œuvre, affiner, modeler et proposer. La définition de famille a éclaté. La notion de carrière professionnelle a perdu de sa longévité (pas pour tout le monde... mais passons). Nous avons du mal à nous reconnaître dans l'identité territoriale. Plus qu'un remodelage de notre vie sociale, il s'agit d'un bouleversement, un tsunami sociétal, mais ce chaos apporte avec lui une gigantesque opportunité pour faire naître autre chose, une autre manière de vivre ensemble. C'est à nous d'écrire le futur. C'est à nous de prendre la plume pour dessiner le contour de notre avenir individuel et collectif. 1 « Quantitative Easing de la FED : la fin approche ? », « Économie Matin » du 6 juin 2013 2 « France : L'exécutif assume un risque de dérapage budgétaire », « Les Echos » du 25 juin 2013 3 « Traité de libre échange USA-Europe: une horreur imposée aux peuples », blog « Donde Vamos » du 30 mai 2013 4 « Grèce : Pourquoi cet écran noir à la télé ? », « 1 jour, 1 actu » du 14 juin 2013 5 « La ville de Detroit endettée: vers la plus grande faillite de l'histoire des USA ? », « Blog à Lupus » du 16 juin 2013 6 « Les Européens se divisent sur le sauvetage des banques en difficulté », « L'Agefi » du 24 juin 2013 7 « Game of drone – La Turquie en colère vue du ciel », « Le Monde » du 25 juin 2013 8 « Les manifestations continuent au Brésil malgré les propositions de la présidente », « Radio-Canada.ca » du 25 juin 2013
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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