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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"Ce n'est pas la perle qui fait le collier, c'est le fil."
Henri Gougaud, conteur, écrivain, homme de radio (1936- ) (Dis)continuité Comme une étrange bande de lumière discontinue, la Voie lactée traverse le ciel de son voile étincelant. Au premier plan, la citadelle de Quéribus semble se projeter vers l'espace. A moins qu'elle soit un projecteur dont les rayons lumineux donneraient vie à la matière interstellaire... Témoin d'un temps révolu, appel à un voyage vers les étoiles lointaines, bien peu concernées par les activités humaines, la citadelle médiévale se dresse sur son piton rocheux, dominant les vallées éclairées par les villes et villages alentours. Scintillant fil d'Ariane, ce bras de notre galaxie démontre que l'Ensemble n'est pas seulement un assemblage d'éléments. En cette nuit estivale, ombre et lumière se combinent pour un spectacle magique et initiatique. Je m'égare... Parmi les postulats sur lesquels reposent nos certitudes, il en est un qui semble accepté universellement : l'accélération du temps. Son corolaire, la durée qui se raccourcit, entraîne avec lui bien des désastres. L'éphémère prend le pas sur la durée. L'oubli remplace la mémoire. Notre société serait-elle exclusivement composée de décérébrés qui vivent dans un instant impermanent en confondant les rythmes sociaux et ceux de la Nature, de leur nature ? Sommes-nous tous convaincus que l'obsolescence rapide fait partie de la vie au point de nous précipiter dans le gouffre de l'amnésie et de la discontinuité ? Deux erreurs sont à l'origine de cette migration de valeur. La première provient de l'échelle de temps avec laquelle nous regardons notre quotidien. Pourtant, la continuité de l'horloge et du calendrier ne fait aucun doute. Certes, il existe une perception du temps qui nous le fait vivre de manière différenciée. Il s'agit du temps psychologique. Trente minutes dans la salle d'attente du médecin ne seront jamais vécues de la même manière que les trente minutes passée entre amis, dans une activité sportive ou ludique. Le plaisir et l'intérêt conditionnent notre rapport au temps. Mais au-delà de cette disparité vécue, force nous est de constater que le temps est continu. Les intermèdes sont aussi importants que les événements majeurs. Le sommeil est aussi important que nos périodes d'activité intense. Aussi, ce n'est pas dans la ponctualité de l'intérêt qu'il faut appréhender le temps et notre existence. Le fil du temps nous permet de renouer avec la continuité. A l'échelle de l'Humanité, notre civilisation technologique n'est qu'un point sur une branche aux multiples ramifications. L'apparente accélération ne fait que maquiller notre véritable méconnaissance de ce que nous bâtissons pourtant chaque jour. En voulant aller vite, les détails disparaissent. Nous agissons comme un automobiliste drogué, accélérant après avoir renversé un piéton, comme si nous pouvions effacer la faute en nous éloignant du point d'impact... Mais l'accident, quel est-il ? C'est l'exclusion de ceux qui ne sont pas dans le bolide fou. La deuxième erreur - la pire - est de prendre comme postulat des imbécilités sans vouloir les remettre en cause ! Car une erreur ne devient pas vérité du fait qu'elle est multipliée. Une croyance erronée ne devient pas bonne du fait qu'elle est partagée par un grand nombre. C'est dans les fondements de nos certitudes qu'il faut chercher l'origine de cette crise à laquelle tout semble vouloir nous faire croire. Encore faut-il répondre à la question : « à qui profite le crime ? ». La seule véritable crise trouve son origine dans l'industrialisation et la capacité de produire de plus en plus massivement et rapidement des biens. Dans l'ancien monde, la puissance était proportionnelle au nombre d'individus qui formaient un groupe. Un pays était puissant du fait de ses frontières étendues et de sa population importante. Une entreprise était importante car elle avait un grand nombre de salariés. Aujourd'hui... ce n'est plus le cas. La production externalisée et l'apparition de la spéculation produisent des entreprises dont la valeur repose essentiellement sur une capacité à créer rapidement des produits, à les protéger juridiquement et à créer un besoin par un marketing ravageur. Ce nouveau monde dans lequel nous sommes sans même en connaître les règles présente un travers encore plus dramatique. L'être humain, aux yeux de ce système contrôlé par la finance, possède moins de capacité à créer de la valeur ajoutée que la spéculation ! A court terme, avec une vision parfaitement réductrice, mieux vaut spéculer sur l'effondrement de la Grèce ou du Portugal que de travailler, fabriquer ou apporter un service. Pour ne prendre qu'un exemple, les chiffres maquillés de la « croissance » américaine masquent la réalité d'une exclusion et d'un chômage toujours plus présent et dramatique. Et ce, malgré la création virtuelle de monnaie par la FED ! La gouvernance américaine semble préférer la photocopieuse à billets que le bienêtre de ses concitoyens. Mais l'Europe et la France ne font guère mieux en se calfeutrant dans un bolide sans conducteur, projeté à grande vitesse sur un chemin qui mène au précipice. L'endettement des états, attisé par des décideurs à durée de vie limitée – leur mandat – n'a rien résolu aux problèmes de fond de l'Europe. La richesse de l'histoire européenne a créé une diversité de cultures. Si l'Europe a un sens, ce n'est certainement celui qui consiste à vouloir faire payer les uns au profit des autres. Mais ceci est une autre histoire... que ces quelques lignes ne peuvent résoudre. En nous concentrant sur des évènements mineurs, nous oublions la continuité de la Vie. Il y a 45 ans, les français défilaient dans les rues pour provoquer des changements dans la société sclérosée de l'après-guerre. Aujourd'hui, serions-nous dramatiquement soumis au point de n'être capables de manifester que pour que le système – que nous savons voué à l'échec – continue ? Est-ce que le confort dans lequel nous baignons explique ce changement majeur ? Mais il est vrai que les velléités de manifestations citoyennes sont le plus souvent policièrement encadrées... Nos dirigeants préfèrent semer des radars sur tout le réseau routier que de s'attaquer aux vrais problèmes d'insécurité. Pour un peu, nous pourrions presque les comprendre : il est beaucoup plus facile de verbaliser de manière anonyme que de traiter les problèmes interculturels et sociaux qui sont à l'origine de règlements de compte avec des fusils d'assaut ! C'est encore un problème de temporalité. Tant que les dirigeant des collectivités et états n'auront aucun risque d'assumer les conséquences de leurs décisions, le système pseudo-démocratique générera ces aberrations et ces disparités sociales. Le gigantesque décor de théâtre auquel nous invitent à croire les politiques de tous bords doit être remis à sa place. Cette mise en scène – pour ne pas parler de mascarade - qui a endormi plusieurs générations au point de bâtir une illusion de vie bien remplie mais reposant en réalité sur la consommation, les vacances et la retraite doit être repensée et remodelée. Ce n'est pas sur la surface visible que nous devons concentrer notre attention. Ce n'est pas dans les symptômes que nous devons chercher les solutions. C'est en nous penchant sur ce qui nous semble immuable que nous retrouverons les véritables fondamentaux de l'Humanité. La continuité de l'être humain est à une autre échelle de temps que celle de la civilisation technico-économique qui n'a que quelques décennies d'existence. L'Être Humain a besoin d'autre chose que la dernière version de téléphone portable ou des vacances à peu de frais voire payées par d'autres. Sur notre ligne de temps personnelle, nous devons nous concentrer sur les invariants, sur ce qui fait notre Humanité. Plutôt que de compter nos perles et nos conquêtes, nos avoirs virtuels ou nos expériences – réussies ou ratées - , retrouvons notre existence par le fil directeur qui nous relie depuis notre naissance. Si le cordon ombilical a été coupé à notre naissance, ce n'est pas une raison pour justifier un individualisme forcené et dévastateur. Remettons en cause nos certitudes, en particulier celles dont les origines n'ont que quelques années ou quelques décennies. La puissance de la finance internationale n'est pas une fatalité. L'exclusion de millions – milliard ? – d'êtres humains non plus. C'est dans les choix que nous effectuons quotidiennement que nous participons – ou non – au cours du fleuve. Des grains de sable accumulés peuvent avoir raison de la puissance d'un cours d'eau et en modifier le cours. Patience, action et ténacité sont en revanche nécessaires pour qu'un résultat se manifeste durablement. C'est en prenant nos croyances pour des vérités que nous faisons le choix d'être des moutons égarés plutôt que des Acteurs conscients. Je doute donc je suis.
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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