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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"Par l'imagination nous abandonnons le cours ordinaire des choses.
Percevoir et imaginer sont aussi antithétiques que présence et absence. Imaginer c'est s'absenter, c'est s'élancer vers une vie nouvelle." Gaston Bachelard, philosophe français (1884-1962) L'œil du cyclope Un dimanche après-midi d’automne, à quelques kilomètres du bruit urbain de Montpellier, derrière le Pic Saint-Loup, j’ai rendez-vous avec un dolmen que je connais bien. Habituellement, je m’y rends plutôt de nuit pour surprendre l’ambiance étoilée1, avec ou sans la lune. Aujourd’hui, il est plus facile de rejoindre la butte sur laquelle repose l’ensemble de pierre qui défie le temps. Les chiens des fermes avoisinantes ne donnent pas l’alerte. Les discussions joyeuses et animées des familles qui de promènent dans la nature les remplacent avec enthousiasme. Ayant laissé ma voiture sur un parking improvisé, je longe les champs. Je dois traverser deux cours d’eau à l’aide de gués constitués de gros cailloux instables qui émergent au-dessus du flot calme de l’eau. Quelques alvins animent discrètement le fond de l’eau translucide. Les dernières inondations qui remontent à seulement quelques jours ont laissé de nombreux endroits complètement détrempés. Fort heureusement, je suis équipé de chaussures de marche, m’assurant à la fois une traversée des cours d’eau sans risque et une possibilité de franchir le sol boueux et glissant. M’éloignant du cours d’eau, je rejoins le sol calcaire, en apparence insensible aux torrents qui se sont déversés. Quelques mètres plus loin, le monticule de Lamalou ressemble à une soucoupe extraterrestre. De jour, l’ambiance est nettement différente de celle que l’on peut vivre de nuit. Ce n’est pas une grande découverte, mais c’est un autre moyen d’explorer un lieu où l’imaginaire prend rapidement le pas sur les observations. Le sac à dos posé au sol, je sors mon équipement photo et le commence à faire le tour du dolmen. Ombres et lumières se chahutent sur la pierre grise du monument. Au fond de l’entrée, on distingue une tache de lumière, comme l’œil d’un cyclope qui se serait réfugié au cœur de la grotte artificielle. Je dois courber le dos pour atteindre le fond du couloir. La dernière salle, en revanche, me permet de me tenir à nouveau debout. C’est une ouverture à l’angle du plafond qui permet au soleil de pénétrer dans la petite salle aux murs irréguliers. Je l’avais observée avec les rayons de la lune2. Avec l’astre du jour, la lumière qui envahit localement le sol et les murs apporte une autre sensation. Quelques années auparavant, c’était dans le temple d’Abydos3 que j’avais remarqué un rayon de lumière qui frappait le sol, tel un espoir de rompre l’obscurité artificielle d’un lieu chargé de magie. Courbé à nouveau, je prends le même chemin pour sortir du mégalithe. Là encore, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec la culture de l’Ancienne Égypte : « sortir au jour »4, symbole de la renaissance qui se trouve au cœur même de la tradition égyptienne. Est-ce seulement une tradition de l’Antiquité ou un invariant de l’Humanité qui traverse les cultures, l’espace et le temps ? La réponse se trouve dans la question. A plusieurs reprises, je ferai le tour du monument pour en faire de nombreux clichés, mais c’est derrière les branches d’un arbre enveloppé d’un drap de lichen que je ressens cet appel à la découverte. L’œil est là. Lui définir un corps n’est pas nécessaire. Il se suffit à lui-même pour faire émerger une histoire, un conte fantastique. Enfermé dans cette apparente prison de pierre, le cyclope prend une nouvelle forme par cet imaginaire que je viens de construire. Cette histoire ne m’appartient pas. C’est à vous d’en prolonger le fil conducteur et de lui apporter une nouvelle énergie… car nous sommes les maillons d'une chaîne, les segments d'une histoire vivante dont nous relayons une partie et en construisons une autre. L'Être Humain n'est pas figé, pas plus que son espace intérieur. C'est dans l'Esprit de la création que nous puisons cette énergie singulière qui nous permet passer de l'ordinaire à l'extra-ordinaire. 1 « Pierre céleste » 2 « Magie lithique » et « La Porte des étoiles » 3 « Cœur » 4 Clin d’œil à propos de l’appellation que donne l’égyptologue et écrivain Christian Jacq au « Livre du sortir au jour », communément appelé le « Livre des morts égyptien »
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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