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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"Si l'être humain ne dispose pas du moyen d'accéder à la connaissance de "la vérité",
il peut, à travers son langage, en découvrir un reflet, et éventuellement s'engager dans cette perspective." Jürgen Habermas, philosophe et sociologue allemand (1929-) Mirage En cette saison, les arbres se couvrent de jolies couleurs. Ici, dans les environs de Montpellier, le spectre des couleurs intègre un dégradé subtil, du vert au jaune doré et se termine par différentes nuances de brun. Pour moi qui ai été habitué à une infinité de nuances rouges (je suis originaire du Doubs, en Franche-Comté), il me semble qu’il manque une présence dans ce balai coloré. En longeant le Lez, je suis à la recherche des différentes variations des couleurs automnales. Visible de loin, un érable aux feuilles rouges ressemble à un véritable extraterrestre au milieu d’une foule humaine. Ses branches recouvrent en partie le cours d’eau et ses feuilles se reflètent sur l’eau. Insensible au courant, l’eau située près du bord stagne, créant un véritable miroir dans lequel le ciel dégagé se reflète. Sous l’érable, l’eau est immobile. Le jeu de la lumière lui confère une surface d’un gris anthracite sur laquelle les feuilles de l’arbre se reflètent de manière surprenante. L’image reproduite a perdu les chaudes couleurs végétales. Les feuilles prennent un aspect métallique. Elles pourraient être en papier aluminium. Le reflet perd en couleurs, mais acquière une nouvelle forme de relief. Comme le spectre de couleur des arbres, la gamme de lumière que nos yeux peuvent percevoir est réduite à la lumière « visible ». Les infrarouges, les ultraviolets et autres rayonnements électromagnétiques que nos yeux ignorent existent bel et bien mais il nous est nécessaire d’utiliser des appareils pour les appréhender. Nous pouvons en voir les effets, mais pas les rayonnements eux-mêmes. Il en est de même avec les autres sens que nous utilisons pour être reliés à notre environnement et comprendre notre relation avec ce qui nous entoure. Les nuances qui nous sont perceptibles restent dans une gamme étroite, limitée par nos sens et notre capacité à les appréhender. Le reflet des feuilles sur l’eau calme est du même ordre. Il ne traduit qu’une partie des informations qui sont pourtant à sa disposition. Il apporte en même temps une « contribution personnelle » en déformant l’image. Le reflet est le produit, le croisement de la réalité de l’arbre et de la surface de l’eau. Au fond de notre globe oculaire, un phénomène identique se déroule. Et d’aucuns prétendent encore pouvoir comprendre le monde - et construisent des dogmes - à partir des outils réducteurs qui sont à leur disposition… Nous n’avons pas accès à une « Vérité universelle » de notre univers. Tout au plus, nous pouvons prétendre en approcher une petite partie, en sachant qu’elle est elle-même déformée par nos sens, notre esprit, notre histoire individuelle, notre grille de lecture sociale, familiale et personnelle. En revanche, nous disposons d’un outil merveilleux : le langage. La formalisation de nos pensées, la possibilité de les confronter, de les partager, de les laisser vivre, diverger, se croiser, s’éloigner et se relier sont autant de moyens qui nous permettent d’étendre notre capacité à appréhender et à comprendre le monde. Comme la lunette de l’astronome, le radiotélescope de l’astrophysicien ou le microscope du biologiste, le langage permet d’étendre notre « champ de compréhension ». A partir du reflet argenté, découvrons la branche, puis l’arbre, ses racines ses ramifications aériennes... Qu’il soit intérieur ou extérieur, notre univers est infini. Notre principale mission est d’explorer et de comprendre. A nous de ne pas nous attarder sur les mirages qui bordent notre quotidien, leurrant nos sens et notre esprit. C’est en remontant le courant des apparences, de l’effet à la cause, puis à la cause de la cause… que nous pouvons dépasser les illusions qui abreuvent notre orgueil et nos certitudes.
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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