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Philippe ContalTisserand numérique Créateur de #TerritoireDigital www.PhilippeContal.info Recherche
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"Le plus grand ouvrier de la nature est le temps."
Georges-Louis Leclerc de Buffon, naturaliste français (1707-1788) Mer végétale A une époque où les téléphones portables s’apparentent à des prothèses relationnelles, où les ordinateurs consument notre énergie en nous égarant dans les méandres improbables d’un brouhaha informationnel, il est crucial de nous poser la question de notre rapport au temps. La vie moderne nous a déconnectés de notre temps biologique pour nous rendre dépendant de la vitesse. Cette société à laquelle nous contribuons quotidiennement nous conduit même au nouveau stade surréaliste de l’accélération. Mais aller vite pour aller où… ? Plus rapidement dans l’au-delà ? Cette introduction cadre un débat que nous semblons avoir oublié. Ces quelques lignes pointent un sujet que nous voudrions éloigner, comme si le fait de repousser un problème suffisait à le faire disparaître. Mais si la fuite peut parfois donner des résultats car certains problèmes trouvent en effet des solutions avec le temps, il n’en est pas de même avec le temps lui-même. Il passe, s’écoule mais ne revient pas. De manière linéaire pour l’horloge, le temps est pour nous un facteur individuel de rapport avec nous-mêmes et avec notre environnement. Dans cette vie moderne, nous devons nous réapproprier notre rapport au temps. Est-ce indispensable de répondre au téléphone alors que nous conduisons notre véhicule ? Est-ce si urgent de brûler des étapes dans l’apprentissage alors que c’est justement dans l’expérience que celui-ci prend toute sa dimension et se révèle efficace ? Le « tout tout de suite » semble être devenu un crédo d’une universalité humaine qui a oublié ses véritables racines et surtout sa raison d’Être. Mon propos ne vise pas à redevenir des hommes de Cro-Magnon ni à mettre à la poubelle nos gadgets électroniques. C’est à une relative indépendance que je vous invite à réfléchir. Car c’est dans l’usage de cet environnement artificiel que les véritables intérêts se révèlent. Mais c’est également dans les usages que les pièges nous sont tendus. Réduire le temps à un objet de consommation est certainement le plus grand travers de notre civilisation moderne. Mais comment en aurait-il pu être autrement puisque le système semble aujourd’hui nous résumer à des machines à consommer ? Sur ce plan, certaines publicités sont des démonstrations brillantes – si tant est que les ténèbres puissent être lumineux – de ces messages incessants dont nous abreuvent les médias. Dans l’univers de la bêtise, l’imagination humaine ne connait pas de limite. Notre rapport au temps doit reprendre ses multiples dimensions, ses rythmes variables mais il doit également nous replacer face à la patience et à l’attente active. Le pâtissier sait qu’il doit patienter pendant que le four donne à son ouvrage les qualités attendues de la cuisson. Le jardinier sait qu’il doit laisser ses arbres créer les fruits pour pouvoir les cueillir et prendre plaisir à les déguster. Le chef d’entreprise sait qu’il faut du temps pour que ses projets prennent forme et produisent le résultat escompté. L’écrivain sait qu’il faut également du temps pour que ses écrits soient diffusés et ses idées appréciées. Le sportif – le vrai, pas celui dont le seul but est de gagner de l’argent rapidement au mépris de toute éthique – s’entraîne régulièrement pour améliorer ses performances et mieux connaître ses limites. Le temps est nécessaire pour que les choses prennent leur place. La Vie a besoin de temps pour devenir, être et s'épanouir. Mais alors... pourquoi demandons-nous une immédiateté à d’autres activités ? Serions-nous tombés dans l'illusion au point de confondre la Vie et le loto ? Évitons de tomber dans le piège facile de déléguer la responsabilité mais il est de notre devoir d’être cohérents entre nos choix et ce qui en découle. Se réapproprier le temps requière d’apprécier cette variété des instants. Chacun de nous connait la différence entre le temps vécu dans la salle d’attente du dentiste et celui passé au cinéma devant un bon film. Se rapproprier le temps implique de prendre du plaisir à laisser le temps agir. Se rapproprier le temps passe par l’étape cruciale qui consiste à accepter que notre suractivité ne peut que contrecarrer ce qui doit être. Car aller plus vite ne donne pas toujours de meilleurs résultats, loin s’en faut. Se réapproprier le temps signifie aussi prendre son temps. Ce n’est pas une question de propriété, mais ce que nous avons entre nos mains, si ce n’est pas le temps, c’est ce que nous en faisons. Réapproprions-nous notre Emploi du temps au lieu de le confier à d’autres. Petit exemple… Prenez le temps de regarder cette photo et imaginez-vous devant ce tableau vivant. Au cœur de la Petite Camargue, en ce milieu d’après-midi d’automne, le soleil illumine le ciel d’azur. Un fin voile nuageux joue avec l’astre du jour, diffusant sa lumière blanche au travers d’un étrange triangle qui fuit vers l’horizon. De hautes herbes brillent avec de jolis reflets argentés, contrastant avec les tiges chlorophylliennes qui s’élèvent du sol. Un léger vent couche la végétation, lui imprimant des mouvements de va et vient, produisant de véritables vagues végétales qui luisent au soleil. Une discrète odeur d’herbe ajoute une sensation de plénitude à cet instant où la nature est la seule magie. Éteignez votre portable, respirez profondément, fermez les yeux et ressentez… Tout y est. Il n’y a rien à ajouter.
Note : sur Voyage immobile, un "tableau" est la combinaison d'une photographie, d'une citation et d'un rédactionnel de l'auteur. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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